COLLEGE ALBERIC MAGNARD – SENLIS

Collège Albéric Magnard Senlis

Portrait d’Albéric Magnard

Biographie

Albéric vers l’âge de 6 ans

Enfance

Albéric Magnard est né le 9 juin 1865 à Paris. Il porte le prénom de son parrain, Albéric Second, d’abord Sous préfet, puis journaliste et auteur à succès sous Napoléon III. Son père Francis, est journaliste au Figaro et écrivain. Il en deviendra 14 ans plus tard le rédacteur en chef, très redouté. Sa mère se suicide lorsqu’il a 4 ans et jusqu’à l’âge adulte, il a des relations difficiles avec son père.

Ce contexte familial explique en partie son caractère et sa personnalité. Albéric est doté d’une maturité précoce et d’une très grande sensibilité qu’il a du mal à extérioriser. En dehors de son cercle familial et amical restreint, il communique très peu.Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de lui comme d’un être sauvage et mélancolique, qui ne se mêlait ni aux jeux, ni aux discussions.

Formation

Pour échapper à cette solitude affective, Albéric se réfugie dans de brillantes études. Après son bac de Lettres, il accomplit son service militaire volontaire et devient sous lieutenant de réserve.

Francis Magnard, son père

Son père exige qu’il fasse des études de droit afin de devenir avocat, mais après sa licence, Albéric est bouleversé par les opéras de Wagner et décide de se consacrer uniquement à la musique. Il s’inscrit au conservatoire de Paris où il ne se plait guère puis devient l’élève du compositeur Vincent D’indy.

Durant la décennie 1884/1894, Albéric Magnard fréquente toutes les salles de concert ainsi que les salons à la mode. Il écrit dans le Figaro des articles très virulents sur certains musiciens qu’il juge médiocres, ce qui lui vaut de nombreuses rancœurs. Ses œuvres sont surtout interprétées à l’étranger, notamment en Belgique. Il compose en moyenne une œuvre par an : 1ère et 2ème symphonie, le drame lyrique « Yolande »… mais n’est jamais satisfait du résultat.

Le repli sur soi

Julia Creton, son épouse

A la mort de son père (1894) Albéric se replie sur lui même et se coupe du monde. Sans l’appui paternel, les pages du Figaro lui sont fermées et ses œuvres disparaissent des programmations de concerts, en réponse au mépris qu’il affichait pour de nombreux interprètes et compositeurs.

En 1896, sans se soucier des conventions sociales, il épouse Julia Creton, issue d’un milieu de journaliers et fille mère d’un garçon de 5 ans dont le père est allemand ! Elle lui donnera 2 filles : Eve et Ondine. La petite famille décide de quitter Paris et s’installe à Baron dans l’Oise. Albéric y mène une vie solitaire, fuyant les villageois et ne se déplaçant qu’à de rares occasions. Il compose beaucoup durant cette période et ses œuvres sont à nouveau jouées, un peu en France et beaucoup à l’étranger.

La guerre

Le manoir de Baron en 1914 après l’incendie

Lorsque le conflit éclate le 1er août 1914, Albéric souhaite s’engager, mais sa candidature est refusée : il a 49 ans et trois enfants.

Le 2 septembre, les allemands occupent Baron ; Albéric met sa famille à l’abri mais refuse de quitter sa maison. Il déclare : « Il y a 6 balles dans ce pistolet, 5 pour les Allemands et une pour moi ». Lorsque les Uhlans se présentent devant le manoir, une fusillade éclate. Albéric tue un Allemand et en blesse un autre. Le feu est mis au manoir, on y retrouvera le corps d’Albéric calciné. La dernière balle n’a pas été utilisée, il a probablement été tué lors de la fusillade.

 

Des idées très modernes

Albéric Magnard en 1886

Albéric Magnard a montré durant toute son existence un grand courage dans ses opinions et dans ses actes, souvent à contre courant des positions générales de la société de l’époque :

Dreyfusard : Il soutient le parti des Dreyfusards, dans le sillage de Zola et contre une très grande majorité de l’opinion française. Pour protester contre l’état français, il démissionne de façon tapageuse du corps des officiers de réserve. Il écrira l’hymne à la justice en 1902 à la suite de ces évènements.

Féministe : Il affiche des opinions féministes très avancées, plaidant pour une égalité des droits civils et politiques entre hommes et femmes (les femmes n’obtiendront le droit de vote qu’en 1944…). Il dédiera sa 4ème symphonie à l’union des femmes professeurs et compositeurs (1912/1913). Il a été, sans conteste, un des pionniers du féminisme : « La question des droits de la femme prime tout dans l’évolution sociale…Les plaies immondes de notre société, le militarisme, l’alcoolisme, la prostitution ne pourront s’atténuer et disparaître que par la volonté des femmes et la volonté des femmes ne comptera guère tant qu’elles n’auront pas les mêmes droits civils et politiques que nous.»

Les élèves du collège devant la maison de Magnard à Baron

 

Une musique avant gardiste : Les œuvres composées par Magnard sont également en décalage par rapport aux attentes du grand public. C’est une musique néo-classique, épurée de tout élément séduisant, mais « dotée de grandes qualités d’imagination, une puissance émotive, une richesse de moyens techniques, une solidité et une dignité, qui ne fléchissent à aucun moment » (G. Fauré). Il écrit lui-même à un ami : « Ma musique ne sera jamais digérée par le public le plus instruit à une première et unique audition ».

J.M Popineau et S. Serikoff